Minute Papillon Prod

Langueurs Océanes

  • Langueurs Océanes

     

    * Langueurs Océanes *

     

    Dès que je t'ai vue,

    mes pupilles ont embrassé ton immensité

    comme on étreint une mère depuis trop longtemps disparue.

    Dans la rumeur houleuse de tes vagues,

    tes murmures célébraient avec pudeur nos retrouvailles...

     

    Toute marée montante,

    tu courais à la rencontre de mes pieds nus sur le sable ,

    aimantée par ta splendeur ondulante,

    tous mes sens rejoignaient ton baiser infini...

    Lorsque ton écume vint m'effleurer,

    je te reconnus aussitôt fidèle amie,

    me livrant toute entière à ton sein...

     

    Ton ventre ondulant reste mon écrin préféré

    À qui je confie tous mes secrets,

    dont le flux et le reflux me rendent les souvenirs noyés.

    Tes gifles taquines me réveillent de ma torpeur,

    c’est bon de se sentir vivante à nouveau.

    Draps de velours secoués des orgues symphoniques du vent,

    je me livre à tes langueurs, m’y abandonne, ivre et vagabonde,

    va, ma belle échevelée,

    berce de tes flots cet enfant qui t’adore...

     

    Je sens mon sang inviter ton eau salée

    à couler en profondeur dans mes veines....

    Toi, l'océan et moi la plage

    Tes caresses de velours consument mon corps

    la grâce de ton ballet incessant recouvre mes émois,

    oui... Nous ne faisons qu'un...

     

    Pourtant, ton tumulte me rappelle que l’infini n’existe pas,

    on finit toujours par se heurter aux falaises de ses limites.

    Tes bras m’enlacent, m’entraînent loin des meurtrissures,

    vers l’oubli insondable, je plonge dans tes entrailles.

    Ne jamais plus aborder, juste me débattre seule,

    même au milieu de la nuit,

    tes reflets argentés me rendent mon âme.

     

    Tu es un immense bleu, appliqué sur le corps de la terre.

    Le gouffre de mon chagrin que tu combles avec force sanglots

    ô perle de ma douleur, c'est l'océan dans une larme.

    Je savoure la naissance du vent à chacune de tes courbes,

    au creux de ta vague, les couleurs de l’absolu se frottent à moi,

    les mouettes en sanglotent de plaisir,

    je chante pour elles, je danse en toi.

     

    Tu en rougis sous le crépuscule comme une onde ardente,

    ma robe, ce soir, en est encore toute embaumée...

    Sur ton miroir mouvant, les étoiles sont les îles de la nuit.

    Les sirènes s’y échouent pour pleurer un marin disparu.

    Beautés languides, aidez-moi à renaître sur l’autre rivage,

    là où les hippocampes farandolent de liberté,

    là où les filets ne capturent plus tes joyaux vivants...

    Tes poissons dont les effleurements frissonnent ma peau.

     

    Mon asile, ma patrie, ma muse éperdue,

    tes échos me délivrent des mains du silence,

    ta voix rauque devient mon hymne,

    puis, à plein poumons, je respire ton souffle paré d’iode.

    J’ai la mer en moi...

     

    * Minute Papillons 2019 *

     

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