L'écrivain

* L'écrivain *

L'écrivain est un évadé

qui scie les barreaux de sa cage avec des mots.

Se réfugie dans le silence des pages,

abrité sous le bruit feutré du stylo,

et de ces phrases sans voix...

Et ce poète qui met ses idées sur la place publique,

pour mieux vivre en surface,

mourir en profondeur, l'air de rien.

Le malheur de notre secret,

c'est qu'on peut faire semblant de vivre,

la carcasse bouge encore.

Le coeur à tiroirs, l'âme à double fonds.

Il s'envolera tel un phénix éperdu

En laissant derrière lui ses torts,

En respirant l’air de ses remords

Son précieux encrier constellé de nostalgie

Porte le nombre d'or de la magie.

Faut-il mourir pour laisser enfin vivre ?

Le coeur posé au bord de soi,

Vivre sans peine, survivre sans joie...

De cette folie, il ne sait qu'en dire, il ne sait qu'enfer.

Tous ces lignes qui parfois ne mènent nulle part,

écrire sans se guérir,

s'anesthésier de mots comme du plomb

que l'on fonds sur nos plaies.

Y reconnaître le goût du danger,

et l'odeur salée des naufrages.

Ils ne coulent pas comme le sang.

Ces mots peuvent bien faire leurs malins,

nos douleurs, elles, pissent le sang.

En un gouffre qui s'ouvre comme une artère,

qui s'écoule sans cesse,

comme des larmes incapables d'éteindre l'incendie.

Tandis que nos pudeurs se mettent à nu,

à la lueur amoureuse de l'astre lunaire,

le soleil existe toujours dans la nuit,

de l'autre côté des mondes.

Corinne S - Mai 2020 -